ENNERY57
Au Pays des Trois Frontières
Commune jumelée avec Janaillat (Creuse) et Ennery-en-Vexin (Val d'Oise)
LE VILLAGE
  ENNERY qui était une ancienne possession de l' Église de METZ, fut donné en fief à des particuliers. On trouve vers 1065 une famille qui porte son nom.  
 
  En 1172, Frédéric de Pluvoise, évêque de METZ, fait l'acquisition d' ENNERY pour son diocèse. Mais en 1236, ENNERY devient la propriété de Robert, Comte de Fleuranges, qui prend le titre de "Sires de Florehanges et d'Annerey".  
 
  Au commencement du XIVème siècle, Thiébault de Heu, maître échevin de la ville de METZ, fait l'acquisition d'ENNERY. Notre commune appartiendra à cette famille jusqu'à son extinction, vers la fin du XVIème siècle.  
 
  Le village est situé sur la rive droite de la Moselle, à 15 kilomètres au Nord de METZ, 8 kilomètres au Nord-Ouest de VIGY et à 16 kilomètres au Sud de THIONVILLE .  
 
  Il est implanté entre la Moselle et une ancienne voie romaine et non loin d'une ancienne voie antique établie sur la rive gauche de la rivière. Celle-ci traverse le ban communal du Sud au Nord, inondant régulièrement les prés avoisinants et pouvant même atteindre les abords du village (crues de 1947, 1982 et 1983).  
 
  ENNERY figure pour la première fois sous le nom de HUNERIACA VILLA dans une charte de l'abbaye de GORZE (57) en 898.  
 
  La commune changea plusieurs fois de nom :  
 
  1055 : ANERA  
 
  1067 : UMRICH  
 
  1181 : ANERIACUM  
 
  1224 : HENNERAY (qui a donné N.D. D' ENEREY sous l'influence espagnole)  
 
  1539 : UNDRIKEN  
 
  1916 : ENNERCHEN (petite Ennery)  
 
  1942 : HOCHSCHLOSS (haut château)  
 
  Comme mentionné précédemment, ENNERY est un endroit très ancien, déjà cité en 898 dans les annales de Gorzco Hartulars. En 881 ENNERY a dû être détruit par les Normands. ENNERY appartenait avec toutes les terres d'alentour à l'Eglise de METZ. En 1065, ENNERY est tombé au pouvoir d'une famille seigneuriale du nom de ENNTRY, sans doute au temps de l'investiture... L'histoire du village est restée presque complètement inconnue jusqu'au 13ème siècle ; il est seulement connu que l'évêque Frédéric de Pluvoise (1171-1179) a acheté le château d'ENNERY pour l'évêché (partie Haut Châtel et donjon).  
 
  Dans la première moitié du 13ème siècle, ENNERY a été partagé entre les seigneurs de FENETRANGE, de FLORCHINGER et de RODEMACHERN.

  En 1360 la famille de HEU avait acquis la totalité du domaine d'ENNERY. Le château-haut d'ENNERY que WERNZEL de Luxembourg avait détruit en 1380 a été reconstruit par Nicolas de HEU en 1390. Nicolle IV de HEU offrit à ENNERY la place du village (actuellement place Robert-Schumann). Scellé dans le mur d'une maison, en prolongement de la mairie, on peut voir un cartouche discret, pouvant passer inaperçu, car placé à environ 6 mètres du sol. En le regardant, on ne saisit pas de prime abord de quoi il est question, car écrit en latin, et l'on pourrait passer son chemin sans chercher à comprendre. Pourtant, ce cartouche se révèle d'une grande importance pour les habitants d'ENNERY tant sur le plan historique que sur celui de la vie actuelle puisqu'il est question de la grande place du village que Nicolle IV de HEU, Conseiller de Charles Quint, offrit à perpétuité, en 1537, aux habitants d'Ennery pour leur confort à tous.  
 
  Les héritiers de HEU, les seigneurs d'ELTZ ont vendu leurs droits à la seigneurie d' ENNERY aux MAGIN des HAZARDS auxquels succédèrent en 1601 les DEGOZ de GROSYEULX, en 1653, les COSSON de LANCE, en 1667, les BELGASTEL de BERAULT puis les DE AUDIFFRET en 1742, les MICHELET, en 1767 les POTHIER de FRESNOU et les DOMMARTIN-FONTENOY.  
 
  ENNERY était avant la révolution une paroisse catholique de l' archiprêtre de ROMBAS. Appartenaient à la paroisse jusqu'en 1808, CHAILLY, et jusqu'en 1828, RUGY.  
 
  Lieu de résidence de nombreux juifs, ENNERY disposait d'une synagogue. Construite en 1819, elle était située 7, rue des jardins, à l'arrière d'une maison d'habitation. La galerie des dames, en bois avec de beaux motifs décorés, est encore en bon état et représente un élément important du patrimoine local. Le bâtiment du culte, devenu propriété privée en 1963, sert à présent de remise. On y accède par une demeure qui servait autrefois et au ministre officiant et de centre communautaire à partir de 1823. En 1937, il ne restait que sept familles juives à ENNERY et le dernier office a été célébré à Pâques 1940. Le 15 juin 1947, le consistoire décida de dissoudre la communauté d'ENNERY et de rattacher les familles restantes (notamment les familles Baron, Lévy et Moïse) à celles de HAGONDANGE. La synagogue a été désaffectée en 1957 et classée à l'inventaire des monuments historiques en 1984.  
 
  Le cimetière, situé à la sortie du village en direction de FLEVY, abrite les corps des membres de la communauté ainsi que ceux des localités voisines. Ce cimetière a été ouvert au 18ème siècle lorsque l'ancien cimetière, utilisé par la communauté de LUTTANGE, fut abandonné. (http://judaisme.sdv.fr/synagog/cimet.htm)
 
  En 1935, un exploitant agricole, également maire du village, Monsieur Jules BARBE, entreprit d'extraire d'un de ses prés le sable qui s'y trouvait à faible profondeur. C'est ainsi que furent mises à jour les premières sépultures mérovingiennes.  
 
  En l'absence de réglementation archéologique, les travaux se poursuivirent quelques années, mais de manière épisodique, jusqu'à ce que les autorités allemandes fassent procéder à une fouille en règle, sous la direction de Monsieur Emile DELORT. Lire l'article de cet auteur sur "le cimetière franc d'Ennery" à cette adresse : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/galia_0016-4119_1947_num_5_2_2045 
 
  Les travaux durèrent trois mois et demi, du 30 juin au 15 octobre 1941.  
 
  La nécropole mérovingienne était localisée à environ 200 mètres à l'ouest du village, à 150 mètres du carrefour des routes METZ-THIONVILLE et MAIZIERES-LES-METZ-ENNERY, au lieu-dit " les trois arbres ", aujourd'hui dans une zone industrielle. Cette nécropole comprenait 83 tombes, dont une sépulture double, toutes orientées vers l'Est. Parmi le mobilier retrouvé, deux épées longues, des scramasaxes, haches, pointes de lances, boucles et plaques en bronze et une grande quantité de verrerie et de céramique, ainsi que des monnaies du IVème siècle. La nécropole a été implantée sur une petite terrasse - en fait un ancien bras de la Moselle qui coule à présent à 500 mètres à l'Ouest - dominant un ruisseau. Ainsi s'explique l'existence de sable, omniprésent sous à peine un mètre de terre.  
 
  Mais ce n'est pas qu'une nécropole mérovingienne qui fut découverte par hasard en 1935, c'est un site occupé depuis une bonne dizaine de siècles. En effet, les tombes n'avaient pas été établies sur un sol vierge, loin s'en faut. Les objets trouvés dans les tombes et à proximité permirent d'établir que le site d'ENNERY était occupé depuis l'époque gallo-romaine.  
 
  Les fouilles réalisées par le service régional de l'archéologie de Lorraine en 1990, 1991, 1992 et 1993 sur les diverses zones industrielles implantées sur le ban communal d'ENNERY, ont permis la découverte de plusieurs sites intéressants. Ces sites ont révélé la présence de nécropoles du néolithique et de l'âge du fer, des traces d'occupation du néolithique moyen et final, du bronze final et de l'âge du fer ainsi que des habitats de l'âge du bronze final, de l'âge de fer et de l'époque romaine.

  La période néolithique commence environ 5.000 ans avant notre ère et se termine avec l'âge du bronze. Alors commence l'âge du fer qui débute 800 ans environ avant notre ère. Il est permis d'affirmer que le site d'ENNERY était occupé depuis fort longtemps, plusieurs siècles avant Jésus Christ.  
 
  Les travaux de Monsieur DELORT ont été republiés par Monsieur Alain SIMMER dans un ouvrage co-édité par l'Association française d'archéologie mérovingienne - 198 rue Beauvoisine 76000 ROUEN et la Société d'histoire et d'archéologie de la Lorraine - Mairie de Thionville - 38 rue du Vieux Collège 57311 THIONVILLE.  
 
  Voir également "L'archéologie en Alsace et en Moselle au temps de l'annexion (1940-1944)".  
 
  Depuis 1990, le Service régional de l'archéologie de Lorraine entreprend des fouilles préventives sur les différents sites industriels. Ces opérations ont permis de découvrir de nombreux sites archéologiques recouvrant plusieurs périodes, depuis le néolithique moyen (-4500 ans avant JC) jusqu'au XVIIème siècle, illustré par la tombe militaire. La dernière découverte faite à ENNERY s'inscrit parmi les plus omportantes de ces dernières années. Il s'agit d'une statue menhir qui constituait la stèle funéraire d'une nécropole. C'est la plus ancienne trace d'art figuratif retrouvée en Lorraine, puisqu'elle date de -2500 ans avant JC. Il s'agit d'une mégalithe d'un poids de 500 kilos environ en gré rose, décoré de bandes hachurées obliques limitées par un trait continu ainsi que par des ronds et des traits pouvant ressembler à une spirale et un poignard. Lors de ces dernières fouilles, la présence de quelques artefacts en pierre témoignent des premiers passages de l'homme aux époques paléolithique et mésolithique, c'est à dire juste avant la période néolithique.  
 
  Le pont entre ENNERY et HAUCONCOURT avait été dynamité par les Français en 1940. L’ancien pont suspendu, a été créé en 1948 par l'ingénieur Rapilly. Avec son armature en acier lorrain et les immenses câbles qui le tenaient suspendu, le pont "Rapilly" avait fière allure. De plus, en raison de ses dimensions, cet ouvrage d'art était le seul dans tout l'Est de la France. Néanmoins, le temps avait fait son œuvre et l’ouvrage commençait à présenter des faiblesses. C’est pourquoi le Conseil général a construit un nouveau pont qui a été inauguré le 23 mai 2014.  
 
  ENNERY a connu une évolution démographique importante ces trente dernières années, passant de 380 habitants en 1962 à 1743 habitants en 1990 et à 1758 habitants au dernier recensement de 1999. La population s'est encore accrue grâce à la ZAC du Breuil terminée en 2006 et devrait s'accroître encore davantage avec la ZAC des Bégnennes où de nombreuses habitations sont construites ou en cours de réalisation ; cette ZAC dispose de petits immeubles collectifs. A proximité, un supermarché a été construit, complété par un restaurant, station-service et cellules commerciales..  
 
  Par ailleurs Ennery dispose d'un parc locatif relativement important situé dans le quartier "Poirier le loup". Les habitations sont gérées par deux sociétés : EST HABITAT CONSTRUCTION - 19B place Joseph Schaff 57953 MONTIGNY LES METZ (03.87.65.27.97) ( 29 pavillons en lotissement) et LOGIEST - 15 rue Sente à My 57012 METZ (03.87.65.63.11) ( 30 pavillons en lotissement).  
 
  ENNERY est desservie par l'autoroute A4 qui relie d' Est en Ouest STRASBOURG à PARIS et se situe à quelques kilomètres de la croix de HAUCONCOURT qui est en liaison Nord-Sud avec l'autoroute A31 - A6 - A7.  
 
  La desserte routière du village est assurée par les RD 1 et 52.  
 
  Une voie ferrée industrielle dessert la ZAC du pôle industriel d'ENNERY, siège de très nombreuses entreprises, mais elle n'est plus utilisée actuellement.  
 
  ENNERY est jumelé avec la commune de JANAILLAT (Creuse) depuis le 8 mai 1994. Ce village a accueilli un grand nombre d'expulsés d’ ENNERY durant la seconde guerre mondiale. Certains des habitants y sont nés. Depuis le 15 avril 2012, Ennery est également jumelé avec Ennery-en-Vexin (95).  
 
  ENNERY possède le monument de "la Belle-Croix" et, dans l' Église, des statues et vitraux, répertoriés aux monuments historiques. Jouxtant l'Eglise, se trouve le monument aux morts dédié aux victimes de la Grande Guerre et érigé en 1921 par M. Jules Barbé, maire de la localité. Le choix du marbre et du calcaire indique la volonté d'une inscription durable dans le temps alors que la frise qui poursuit le piédestal en forme de feuilles d'érable rappelle l'automne, dont l'association avec le deuil de la nature évoque les jeunes vies fauchées par la guerre. La croix qui domine le monument associe l'image de Jésus et celle du soldat. 

  De nombreux étangs sont présents à l'ouest de la commune, le long de la route départementale menant à Hauconcourt. Dédiés à la pêche, ces étangs sont privés et certains sont grillagés. Les zones les plus riches en odonates (libellules) sont deux bandes de friches au nord de la route départementale. Les berges des étangs présentent un ombrage important et une ceinture d'hélophytes quasi-inexistante. Pour tout savoir sur ces adorables petites bêtes, rendez-vous sur le site : http://www.ennery.libellulesmaizieres.fr/index.html.  
 
  En 2009, place Robert-Schuman, lors de travaux de restauration d’une habitation, a été mis à jour un cartouche identifiant cette demeure comme l’ancien presbytère datant de 1526. Voir l’ article consacré par le Républicain Lorrain.  
 
  Nostalgie encore avec la découverte de la cloche de l’ école, disparue depuis de nombreuses années, et actuellement au fronton d’un immeuble à HAGONDANGE. Voir l’ article du RL rédigé à cette occasion. 
 
  HISTOIRE ANCIENNE  
 
  La guerre de 1420 et la prise du château  
 
  En 1385, l’ évêque Pierre de Luxembourg fit son entrée à Metz.  
 
  Quelques temps plus tard, son frère, le comte Saint-Paul, vint sous les murs de la cité avec 120 cavaliers et 40 arbalétriers. Comme la ville ne pouvait les recevoir, on les envoya à Ennery dans la seigneurie de Nicolle de Heu, où ils se tinrent quatre jours.  
 
  Le comte envoya d’ Ennery plusieurs délégués pour exiger de la ville la révocation des treize hommes qui, prétendait-il, gênaient la justice que son frère venait de créer. La ville de Metz se garda bien d’ obtempérer mais ce fut là le commencement d’ une guerre désastreuse pour tout le pays messin.  
 
  En 1420, Metz était en guerre contre Ferry de Chambley. C’ était un seigneur sans grande importance mais il était soutenu par le Duc de Lorraine qui lui fournissait de l’ argent et des hommes. Il n’ était pas dans les intentions du Duc de rompre avec la cité car celle-ci lui accordait une pension annuelle de 3000 francs moyennant quoi il s’ était engagé à protéger toutes les possessions messines.  
 
  Les messins tenaient occupée la forteresse d’ Ennery et y entretenaient une importante garnison sous les ordres de Collignon de Heu.  
 
  Ce dernier avait pour homme de confiance un certain Henri de Bahengnon dont personne ne se méfiait. Soudoyé par le Duc de Lorraine Henri amena un jour dans l’ enceinte du château un grand nombre de chars et de charrettes portant des cuves qu’ il disait remplies de vin mais d’ où sortirent des hommes qui massacrèrent la garnison et s’ établirent dans le fort. Le village fut pris et livré au Duc de Lorraine.  
 
  Cette guerre coûta seize mille florins aux messins mais la pension du Duc de Lorraine fut supprimée. Quelques mois plus tard, Henri de Bahengnon fut pris et condamné à être écartelé. Après avoir été exposé plusieurs heures au pilori, il fut traîné par les pieds jusqu’ au pont des Morts ; 4 chevaux furent attelés à ses 4 membres et son corps fut déchiré en morceaux. Ses membres furent attachés devant les principales portes de la ville, pour l’ exemple.  
 
  Les Écorcheurs  
 
  Nous sommes en 1444 pendant la terrible guerre des Écorcheurs.  
 
  Au nombre de 3000 hommes, ils se dirigent, le 18 septembre, sur Talange et s’ emparent du château et du village et y mettent une garnison. Ils marchent ensuite sur la maison forte d’ Ennery devant laquelle ils mettent le siège. C’ était une entreprise difficile car aux soldats du château s’ étaient joints un grand nombre de paysans du village et des environs. Le village était bien muni en artillerie et en vivres et en état de supporter un siège.  
 
  La garnison se défendit vaillamment jusqu’ au 20 octobre et tua à l’ ennemi vingt-deux hommes. Les Écorcheurs eurent alors l’ idée d’ amener devant le château une grosse bombarde avec laquelle ils tiraient sur la ville de Metz. Le courage des pauvres gens fléchit en voyant cette grosse pièce qui menaçait leurs murs. La maison fut prise d’ assaut et la garnison emmenée prisonnière.

  Le seigneur d’ Ennery était alors le bon Collignon de Heu. On estimait le butin fait au château à plus de six mille florins.  
 
  La perte du château d’ Ennery fut pour la cité de Metz une véritable calamité car la garnison française qui s’ y tenait solidement attaquait les partis messins qui s’ aventuraient sur la rive droite de la Moselle.  
 
  Le 31 décembre, pendant la nuit, les messins firent une sortie et marchèrent sur Talange. Mais l’ ennemi, averti par un traître, était sur ses gardes et se défendit vigoureusement. La garnison d’ Ennery, entendant le bruit du combat, prit les armes et traversa la Moselle, malgré les rigueurs de la saison. Mais entretemps, les messins s’ étaient ressaisis et avaient repris l’ avantage. Lorsque les Écorcheurs arrivèrent sur le lieu du combat, il furent rejetés dans la rivière ; 36 s’ y noyèrent.  
 
  Enfin, à la suite de la paix proclamée à Metz le 5 mars 1445, les maisons fortes du pays messin rentrèrent entre les mains de leurs seigneurs, mais pas tout de suite car les routes n’ étaient pas sûres et les Écorcheurs ne montraient que peu d’ empressement à rendre leurs conquêtes. Cependant, il fallut bien qu’ ils finissent par là et le 18 Mars les portes de la ville s’ ouvrirent et livrèrent passage à toute une foule empressée d’ aller retrouver sa demeure champêtre, château ou chaumière, si toutefois elle avait échappée aux destructions. Ainsi firent les bonnes gens d’ Ennery et le seigneur Collignon de Heu lui-même, que cette guerre avait fort appauvri. 
 
  Collignon de Heu mourut le 7 juin 1462. On l’ appelait, à cause de ses libéralités, le grand aumônier et à la fin de sa vie il recommanda à son fils Jean de continuer son œuvre de bienfaisance.  
 
  Jean de Heu était aussi un beau caractère et justement honoré de la confiance publique. Dans la fameuse querelle entre la ville et les chanoines, en 1464, il joua un rôle de conciliation. Il alla ensuite faire un pèlerinage à Jérusalem et mourut peu de temps après son retour.  
 
  En 1488, Nicolle de Heu, son fils, épousa Catherine de Gournay et les fêtes de son mariage eurent lieu en grande pompe. 2000 personnes y assistèrent. Les seigneurs et gens d’ église furent logés face à l’ hôpital Saint-Nicolas ; les dames, bourgeois, marchands, à l’ hôtel de Heu. Mille personnes du village étaient présentes ainsi que douze cents pauvres. Trente six ménestrels rehaussaient l’ éclat de la cérémonie.  
 
  Les événements de 1493  
 
  Ennery fut épargné par la guerre de 1490, quoique les villages voisins, Argancy, Olgy, Malroy, furent pillés et incendiés par les soldats lorrains. C’ est un privilège qu’ elle dut sans doute aux bonnes murailles et à la forte garnison.  
 
  Le 17 juin de cette année, le capitaine La Hurte vint dans les environs pour piller les villages de la Moselle. Arrivé à Ennery, il rencontra 400 cavaliers de la garnison de Metz qui, avertis par l’incendie des villages, venaient attaquer l’ ennemi. Ils avaient avec eux Jean de Gournais qui commandait 150 hommes. Il reçut trois blessures et parvint à mettre à terre le chef du détachement lorrain.  
 
  Cette même année, Nicolle de Heu fut nommé maître échevin de Metz pour la seconde fois, mais on lui accorda un congé d’un mois qu’ il passa à Ennery. Quelques mois plus tard son épouse mourut de la peste.  
 
  En 1493, le pays messin jouissait d’ une paix profonde. Le Duc de Lorraine, redevenu ami de la cité, lui envoya 150 chevaux pour tenir en respect les troupes bourguignonnes lorsque l’ on apprit que Bernard de Luxembourg, gouverneur de Luxembourg, et le seigneur de Bourcette étaient venus avec 400 chevaux pour mettre le feu à Ennery, Argancy, Charly, et enlever bêtes et gens. L’ attaque avait été si subite que la cité n’ avait pas eu le temps d’ intervenir et les pillards étaient rentrés chez eux chargés de butin.  
 
  L’ archevêque de Trèves était alors à Metz. Il offrit sa médiation pour faire la paix et lâcha prise que lorsqu’ on l’ eût chargé de porter aux auteurs de ces brigandages les conditions de la paix des messins.  
 
  La paix fut publié au mois de novembre suivant.

  Le château d’ Ennery fut quelquefois le théâtre d’ événements moins glorieux. En 1528, alors que Nicolle de Heu remplissait les fonctions de maître-échevin de Metz, ses deux plus jeunes frères, Robert et Jean, avaient élu domicile à Ennery. Eurent-ils occasion de se plaindre de leur frère ? C’ est probable car ils lui infligèrent un affront que l’ on considérait alors comme sanglant. Le maître-échevin leur ayant envoyé l’ un de ses serviteurs, on ne sait pour quel message, Robert et Jean se saisirent de ce dernier, lui enlevèrent son cheval et tout ce qu’ il avait sur lui, coupèrent les oreilles de la monture et les envoyèrent à son frère.  
 
  Nicolle de Heu envoya alors un page pour réclamer le cheval ; le messager fut battu et le portier du château fut jeté en prison pour l’ avoir laissé entrer. L’ un des frères, Jean, vint même à Metz pour chercher querelle avec le redoutable François de Gournay.  
 
  Lorsque la France se fut assuré la possession des trois évêchés de Metz, Toul et Verdun, elle s’ empressa de réunir à la couronne les enclaves du duché de Luxembourg, du duché de Lorraine, et du temporel de l’évêché.  
 
  Ennery, l’ un des principaux points fortifiés du pays messin, fut occupé par les français dès 1552 et les fortifications furent remises en état. Il semble que même après la paix de Cateau-Cambrésis ils aient maintenu une garnison dans le château. 
 
  Histoire du maréchal-ferrant d’ Ennery  
 
  Dès 1572, un bourgeois de Metz, nommé Pierre Burteaux, dit Souffroy, homme généralement peu considéré, réclamait à la municipalité de Metz deux moulins dont il se disait frustré au bénéfice du Trésor Public. La cité n’ ayant pas voulu reconnaître ses droits, il les céda, moyennant finance, à Philippe Schluchterer, comte d’ Effenstein. Ce dernier envoya des lettres de défi à la cité de Metz et commença à ravager les terres du pays messin. Alors la cité prit le parti de mettre à prix la tête de ses deux terribles adversaires. C’ était la première fois que la cité recourait à de telles armes.  
 
  Or, il y avait à Ennery un maréchal-ferrant aventureux qui avait souvent pris part à des coups de main contre le pays messin. Il n’ osait pas venir sur le territoire messin de crainte d’ y être arrêté. Lorsqu’ il apprit les huchements qui venaient d’ être publiés à Metz au sujet des deux ennemis de la cité, il y vit la possibilité de gagner beaucoup d’ argent et de faire la paix avec la cité de Metz. Il résolut de tuer Schluchterer.  
 
  Le maréchal-ferrant, introduit dans le château de Schluchterer, demande à être présenté au comte, en qualité de proscrit de la ville de Metz. Le comte était à table donc il fut amené à la cuisine afin qu’ on le fasse attendre et qu’ on le fasse manger et boire. On l’ amena donc à la cuisine et il y trouve Pierre Burteaux qui, assis, se laisse aller à une douce somnolence. Le maréchal-ferrant profite alors du moment où il se trouve seul dans la cuisine pour frapper Burteaux avec une hachette. Il parvient ensuite à sortir du château et à atteindre le territoire messin.  
 
  Celle nouvelle causa une grande joie à Metz. Néanmoins, jusqu’ à plus ample information, le maréchal-ferrant fut mis en prison 5 jours. Il fut alors affranchi de toute dette envers la cité.  
 
  Quelques jours plus tard commença contre Schluchterer, la plus terrible guerre qu’ ait connue la région messine.  
 
  La révolution  
 
  Le cahier de doléances de la commune, rédigé le 9 mars 1789, nous donne la situation du village cette année là.  
 
  Les impositions ont augmenté d’ un tiers depuis 1742. Les habitants se plaignent aussi de la dure obligation à laquelle ils sont astreints de payer une quarte de blé à l’ année à leur Seigneur pour avoir la permission de cuire leur pain chez eux au lieu du four banal qui existait il y a bien des années.  
 
  Les habitants se plaignent aussi du commerce des grain qui, affirment-ils, n’ a été inventé que pour faire la fortune des riches en biens. Par la liberté du commerce des grains, les blés passent par la main de nombreux marchands et n’ arrivent à destination qu’ à des prix exorbitants.

  On avait partagé récemment une pâture communale entre les habitants. Pour indemniser le Seigneur, qui seul avait droit de troupeau, il lui revenait un tiers de la superficie totale. Chaque habitant avait, en outre, à payer ce qu’ on appelait la dîme novale, qui se levait sur les terres nouvelles converties en terres labourables. Voici comment s’ exprimaient les habitants à ce sujet :  
 
  « Le partage des terres communes accordé en 1769 est très avantageux. Sa Majesté est très humblement suppliée d’ en provoquer l’ exemption de la dîme ou de la fixer au taux du palus (marais desséchés) ; ces dîmes sont données pour la plus forte partie aux Seigneurs, qui en ont levé le tiers auparavant lors du partage, et devraient être les dîmes au profit du domaine de sa Majesté, pour remédier en partie aux besoins de l’ Etat… »  
 
  Il est vrai que la rétribution exigée à Ennery était plus élevée que dans les villages avoisinants.  
 
  A la séance du 26 novembre 1791, le conseil d’ administration du district résolut de diviser le territoire du district en 23 paroisses dont celle d’ Ennery.