ENNERY57
Au Pays des Trois Frontières
Commune jumelée avec Janaillat (Creuse) et Ennery-en-Vexin (Val d'Oise)
BERLIN...IL Y A 45 ANS
  Pour tout ce qui concernait l'administration de BERLIN-OUEST, les trois Généraux Commandant (américain, anglais et français), disposaient d ’un organisme interallié : la Kommandatura, qui réunissait en Comité les trois alliés. Elle assurait les liaisons d'autorité et de contrôle des Commandants avec le Sénat et la Police berlinoise.

  Pour tout ce qui concernait la défense commune, les Généraux Commandant, disposaient de l'Etat-Major Allié de BERLIN (E.M.A.B.} Qui était un Etat~Major de liaison entre les trois états-majors nationaux.  
 
  Quant à la sécurité et au maintien de l'ordre, les Généraux Commandant les assuraient indépendamment, chacun dans son secteur et harmonisaient les dispositions prises.  
 
  - LES FORCES EN PRESENCE  
 
  - Les Forces alliées :  
 
  Pour remplir leurs différentes missions, les Généraux Commandant disposaient des garnisons alliées dont l'effectif s’élevait à 12500 hommes.  
 
  a) - Les forces américaines comprenaient pour l'essentiel :  
 
  - 3 bataillons d’infanterie, 1 escadron de chars, 1 batterie d'artillerie et 1 détachement air soit au total : 6 600 hommes.  
 
  b) - Les forces britanniques étaient constituées par :  
 
  - 3 bataillons d’infanterie, 1 escadron de chars et 1 détachement air soit au total : 3 300 hommes.  
 
  c) - Les forces françaises comprenaient essentiellement :  
 
  - Le 46ème Régiment d’Infanterie, Le 11ème Régiment de Chasseurs doté de chars, le Détachement de Gendarmerie de BERLIN et la Base Aérienne 165 soit au total : 2 600 hommes.  
 
  d) - La Police berlinoise : dont l’effectif s'élevait à 13 300 hommes.  
 
  Elle était constituée en trois groupes adaptés à chacun des secteurs alliés. Chaque groupe était divisé en deux-catégories de forces :  
 
  - La force "A", ou police urbaine, laissée pour emploi au Sénat,  
 
  - La force "B" ou Unité d ’intervention, qui dépendait plus directement des Généraux Commandant.  
 
  Pour le secteur français, l’effectif de la police urbaine était de 1 600 hommes et celui du bataillon d'intervention de 1 100 hommes répartis en 5 compagnies.  
 
  - Les Forces de l'Est :  
 
  a) - Les Forces soviétiques:  
 
  - Le Groupement des Forces Soviétiques en Allemagne {G.F.S.A.) était un ensemble bien entraîné, doté de matériels modernes et articulé en cinq armées.

  - La responsabilité de BERLIN incombait à la 20ème Armée qui était implantée dans un rayon de 60 km autour de la ville. A l ’intérieur de ce cercle, étaient stationnés en outre 2 divisions et divers éléments organiques n’appartenant pas à la 20ème Armée, ce qui portait à 90 000 hommes l’effectif des Forces soviétiques se trouvant à proximité de BERLIN.  
 
  b) - Les Forces Est-allemandes :  
 
  - L'Armée de l' Allemagne de l'Est, la Nationale Volks-Armée (N.V.A.) était organisée et instruite sur le modèle soviétique. Autour de BERLIN était implantée la première Division de Fusiliers Motorisés dont l’effectif était de 16 000 hommes.  
 
  - Les gardes frontières (GRESO) constituaient une arme à part au sein de la N.V.A. Ils étaient chargés de la sécurité des frontières et plus particulièrement de la surveillance du mur. A BERLIN, ils étaient organisés en deux brigades à cinq régiments dont l ’effectif s ’élevait à 13 000 hommes.  
 
  - Au total, dans un rayon de 60 km autour de BERLIN les Forces de l’Est représentaient une masse de près de 120 000 hommes et 1800 chars en comparaison de laquelle les Forces alliées de BERLIN-OUEST faisaient figure de Garnison symbolique. 
 
  - LES PROBLÈMES DE BERLIN :  
 
  Le contexte géographique, politique et militaire était confronté à trois problèmes majeurs concernant BERLIN : le mur, les accès et la menace armée.  
 
  - Le mur :  
 
  - C'est l ’accélération du mouvement de fuite hors de la R.D.A. qui décida les dirigeants de l’Est à isoler BERLIN-OUEST le 13 août 1961. L ’exode de la population active consacrait publiquement la faillite de la politique est-allemande et eut de graves conséquences sur le plan économique.
  - L'efficacité du mur fut remarquable : le nombre des réfugiés décrut de façon spectaculaire dès sa réalisation. De plus de 100 000 en 1960, il passa à 2 500 par an, puis à 700, pour se stabiliser aux environs de 350 à partir de 1964. Puis son efficacité ne diminua pas : en 1974, 419 personnes réussirent à passer clandestinement à BERLIN-OUEST dont 13 seulement en franchissant le mur.  
 
  - Un premier accord permettant aux berlinois de l'Ouest d'obtenir des laissez-passer pour l ’Est fut conclu en 1963. De 1966 à 1971, aucun laissez-passer ne fut accordé. A la suite de l'accord quadripartite de septembre 1971 et des accords de décembre 1971 entre le Sénat et la R.D.A., la situation s’était nettement améliorée. Les berlinois de l’Ouest pouvaient se rendre à BERLIN-EST et en R.D.A. jusqu’à concurrence de 30 jours par an.
  - Les accès :  
 
  - Le blocus de 1946 a mis en évidence l’importance des voies d'accès définies en 1945. Celles-ci comprenaient : 
   a) 3 fuseaux d'accès convergeant de HAMBOURG. HANOVRE et FRANCFORT vers BERLIIN et comportant chacun :  
 
    - un couloir aérien large de 30 km  
    - une autoroute  
    - une voie ferrée.

  Les couloirs aériens étaient ouverts aux alliée mais ceux-ci ne pouvaient utiliser que l'autoroute et la voie ferrée du fuseau centre.  
 
  b) - Des voies navigables par lesquelles étaient acheminés 40 % du tonnage destiné à BERLIN-OUEST.  
 
  La circulation sur les voies d'accès était contrôlée par les soviétiques pour les mouvement alliés et par les allemands de l'Est pour le reste du trafic.  
 
  L'accord quadripartite de septembre 1971 avai fixé les droits d'accès à BERLIN-OUEST de la circulation terrestre civile. Les soviétiques prétendaient que cet accord impliquait la reconnaissance de facto de la souveraineté de la R,D.A. sur les axes de circulation. Ce fut là un premier aspect de la question des accès.  
 
  Le second aspect était d ’ordre militaire et concernait les accès terrestres alliés. Le problème résultait des possibilités d’atteinte à la liberté d'accès reconnue aux trois puissances.  
 
  Depuis leur échec de 1948, les soviétiques s'étaient livrés à de fréquents harcèlements. Pour parer à cette menace, l ’Ouest disposait d’un système de Forces représenté par le Groupe LIVE 0AK. LIVE OAK était un Etat-Major tripartite installé en BELGIQUE. Il recevait des instructions du groupe des trois Ambassadeurs à BONN et était responsable de la mise en oeuvre des plans destinés à maintenir le libre accès à BERLIN.
 - La menace armée :  
 
  Le troisième problème était d'ordre exclusivement militaire. Il résultait de la menace qui pèsait sur la ville du fait de son encerclement par les Forces de l'Est.  
 
  Plusieurs formes d'action contre BERLIN-OUEST étaient possibles,à savoir dans l'ordre de probabilité décroissante :  
 
   - l’action sur les accès  
 
   - la subversion  
 
   - l’attaque armée.  
 
  Latteinte aux accès pouvait se concrétiser par un blocus à différents degrés. Nous avons vu que LIVE OAK était chargé de mettre en oeuvre les parades à ce blocus.  
 
  L’Est pouvait également chercher la désintégration interne par la subversion. La parade était du ressort des Généraux Commandant agissant en comité. Ils disposaient de la police allemande qu'ils actionnaient soit directement, soit par l'intermédiaire du Sénat.  
 
  L’attaque armée pouvait avoir pour objet, soit de s'assurer un objectif limité, soit de s’emparer de la totalité des secteurs occidentaux. L’Est, vous avez pu le constater, ne manquait pas de moyens pour cela. Cette éventualité était toutefois considérée comme l'hypothèse la moins probable.  
 
  Un catalogue de mesures militaires variées existait. Le groupe des trois Ambassadeurs à BONN recevait ses directives des gouvernements alliés et coordonnait les plans relatifs à BERLIN. Sur le plan local, compte tenu du rapport des Forces, il ne pouvait être question que de conserver le plus longtemps possible le contrôle de certains points pour permettre à l'action des gouvernements alliés de se développer sur les plans diplomatique et stratégique. Les trois problèmes évoqués montrent combien, à BERLIN, était artificielle la distinction entre les questions civiles et les questions militaires.  
 
  En fait, le problème de BERLIN formait un tout, et suivait un développement parallèle à l’évolution des rapports Est-Ouest et à celle des relations entre les deux Allemagnes.  
 
  - HISTORIQUE DU MUR  
 
  - BERLIN de 1945 à 1961.

  L'union réalisée devant la menace allemande dure peu. Par étapes successives, la rupture s’établit entre Alliés occidentaux et l'Union Soviétique.  
 
  En 1948, cette dernière ordonne une réforme monétaire valable sur l'ensemble de BERLIN. Les occidentaux opposent leur refus et appliquent à leur secteur la réforme monétaire d'Allemagne de l'Ouest. En représailles les soviétiques installent le Blocus, le 24 juin 1948 avec les événements que l'on connaît : rationnement de la population et opération survie grâce au Pont aérien.  
 
  Lorsque les soviétiques lèvent le Blocus, le 12 mai 1949, la ville reste divisée. D'autres événements ou décisions politiques continuent à accentuer cette division. Le 23 mai 1949, la République Fédérale d'Allemagne voit le jour ; Berlin est proclamée Land de la République. Le 7 octobre de la même année, la République démocratique allemande est proclamée à Berlin-Est ; le trafic tramway et bus est interrompu entre les deux Berlin.  
 
  Le 17 juin 1953, des manifestations populaires ont lieu en Allemagne de l'Est et à Berlin-Est. De jeunes ouvriers traversent la Porte de Brandebourg vers Berlin-Ouest. L'armée soviétique intervient, la répression est sanglante.  
 
  Le 19 décembre 1957, les autorités de R.D.A., adoptent des dispositions renforcées contre ceux qui "fuient la République" et quelques jours plus tard, contre ceux qui quittent Berlin-Est sans autorisation.  
 
  Et c'est en vain que les quatre Grands se réunissent ¦ à GENEVE en 1959 ; aucune solution n'est apportée au problème de Berlin.  
 
  Le 13 août 1961, Berlin-Ouest est verrouillée par le MUR.  
 
  - BERLIN le 13 août 1961. 
 
  Dans la nuit du 12 au 13 août, la R.D.A. met en place un réseau de barbelés (45 kms en une journée), verrouillant Berlin-Ouest. Le réseau est renforcé les jours suivants, par des barrières et par des murs de béton.  
 
  Les autorités de l'Est déclarent que cette mesure est prise afin "d'établir l'ordre sur cette frontière pour une meilleure surveillance et un contrôle sûr". Brutalement, 53.000 berlinois de l'Est, "traitres vendant leur travail aux militaristes de Berlin-Ouest" ne peuvent plus se rendre à leur travail.  
 
  Toute fuite des habitantes de Berlin-Est, qui jusqu'alors avaient afflué par centaines de milliers, (17791 en mai 1961 - 19198 en juin - 30145 en juillet) est désormais impossible.  
 
  "Au mépris de toute humanité, les liens naturels de la capitale allemande ont été brisés, des familles divisées et une grande partie de notre peuple enfermée dans une immense prison", déclare le Maire de Berlin.  
 
  Le ministère de l'intérieur Est-allemand somme la population de l'Ouest comme de l'Est "dans l'intérêt de sa propre sécurité" de ne pas s'approcher à moins de 100 mètres du MUR. Devant cette audace, les trois Commandants occidentaux, d'accord avec leur gouvernement, donnent l'ordre à leurs troupes de prendre la "Garde au MUR", côté occidental bien entendu.  
 
  Le mur, qui partage la ville en deux, mesure 46 km.  
 
  - BERLIN de 1961 à 1976.  
 
  Le cas de Berlin frappe les imaginations : une population occupée en deux, des familles mutilées. Les Grands de ce monde défilent devant le "MUR". JOHNSON en 1961, KENNEDY en 1963, la Reine ELISABETH en 1965, le Shah d'Iran en 1967, NIXON en 1969, Giscard d'Estaing en 1976… ...

  Des pacifistes déposent des pancartes et des berlinois de l'Est continuent de fuir par des souterrains, par les canaux et de mourir (70 depuis 1961) sous les balles de leurs jeunes concitoyens : beaucoup de jeunes communistes, F.D.J. (Frei Deutsche Jugend) se sont engagés pour répondre à l'appel des gouvernants de l'Est.  
 
  Ces derniers prennent une attitude tracassière à l'égard des habitants de l'Ouest ; les points de passages sont de plus en plus réduits, les formalités pour obtenir un laissez-passer de plus en plus longues. Les allemands de R.F.A. ont comparativement plus de facilités que les berlinois de l'Ouest eux mêmes, auxquels l'accès de l'Est est interdit depuis le 17 août 1961. Il faut attendre décembre 1963 et de nombreuses séances de négociations tenues alternativement à l'Est et à l'Ouest pour qu'après 28 mois de séparation, les berlinois de l'Ouest obtiennent la permission de rendre visite à leur famille de l'Est pour les fêtes de fin d'année : un million de visiteurs, le MUR est entrouvert. En 1976, les berlinois de l'Ouest ont un droit de visite de 30 jours par an pour rencontrer leur famille de l'Est. Certaines conditions de change, de visa, de contrôles policiers et douaniers sont à observer très strictement. D'un autre côté les retraités de l'Est ont le droit de visiter leur famille à l'Ouest pour un temps maximal de quatre semaines.  
 
  Cet "assouplissement est le résultat d'accords quadripartites signés en 1971".  
 
  Le MUR lui-même est entretenu avec soin. Il est sans cesse amélioré, modernisé, renforcé. Chaque tentative de fuite, chaque réussite, entraîne une modification du MUR, même là où il semblait impensable d'ajouter encore un obstacle ! Il y a toujours de nouveaux raffinements : les rouleaux anti-grappins qui couronnent la première ligne d'obstacles, le couloir à chien, de nouvelles herses, des fils électrifiés etc...Il y a même des modifications de parcours et depuis peu des échanges de terrain avec le Sénat de Berlin-Ouest afin de rendre certains itinéraires plus fonctionnels.  
 
  Le MUR ceinture Berlin sur 161 km. La partie sectorale sépare le secteur soviétique (Berlin-Est) des trois secteurs occidentaux (Berlin-Ouest) sur 46 km. C’est une partie qui comprend essentiellement un espace urbain à l'ouest, et un espace à demi urbain et à demi rural à l'est. La partie zonale sépare les mêmes secteurs occidentaux du territoire de la R.D.A. Cette partie est composée d'espaces principalement ruraux.

 
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